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Stratégie payante



Au soir du match contre Oyonnax, on sentait très nettement à travers les propos de Fabien Gengenbacher toute la frustration de ce rendez-vous loupé pour sa grande première à domicile, et qui plus est devant le retour du public. Durant les soixante premières de la partie, son équipe n’avait pas répondu présent dans le combat, dans l’agressivité pour venir à bout des Oyomen. Seules les vingt dernières minutes, au cours desquelles les remplaçants avaient pris la place des titulaires, avaient auguré des lendemains plus joyeux au regard du jeu mis en place ponctué par deux magnifiques essais. Mardi soir, au cours de la soirée rencontre avec les joueurs, des entretiens que j’ai eus avec certains joueurs, il en est ressorti des discussions que le début de semaine d’entraînement avait été très studieux et que le manque d’engagement de certains avait été abondamment rappelé.

Ainsi pour laver l’affront de la défaite à domicile concédée contre Oyonnax, le staff n’y est pas allé par quatre chemins pour effectuer les changements pour aller défier sur leur terre de prédilection les Vannetais, soit un autre demi-finaliste de la saison passée. Ainsi, onze nouveaux titulaires composaient le XV de départ dont certains étaient parmi les remplaçants de la semaine passée. Le staff avait changé totalement le cinq de devant de quoi créer une sorte électrochoc ou plus prosaïquement de faire jouer la concurrence. Cependant, nouvelles règles obligent, le staff avait aussi misé sur quatre buteurs dans la ligne arrière (Glenat, Trouilloud, Bousquet, Barthélémy), et mis sur le banc, Ange Capuozzo afin de l’épargner de la pression des chandelles de l’adversaire, ce qui n’est pas son point fort, même s’il s’en est bien sorti contre Oyonnax.

Dès l’entame, les Grenoblois démarrent la rencontre avec un engagement total. Rien à voir avec ce que l’on a vu dans les matchs de préparation et durant l’heure de jeu contre les Oyomen, ce qui a particulièrement fait plaisir à Nicolas Nadau n’hésitant pas à dire en cours de partie au micro des journalistes de Canal+ que ses joueurs avaient produit un excellent combat pendant le premier quart d’heure. Il en sera ainsi tout au long du match. Inutile de mettre en avant un joueur parmi toute l’équipe tellement, ils ont tous rempli parfaitement leur rôle. Ceci dit, Thibaut Martel, en tant que troisième ligne centre, a montré toute l’étendue de son talent à ce poste, il a été au four et au moulin dans toutes les zones de combat sans retenue, ce qui lui a valu, cependant quelques pénalités, largement évitables. Ce joueur déborde d’envie et de fougue. Je ne peux pas aussi passer sous silence l’excellente prestation de Mathis Sarragalet, à tel point que Mathieu Blin l’a comparé à Dan Coles, le talonneur All Black, champion du monde en 2015 ! Attention, il n’a que 21 ans, alors on se calme dans les comparaisons.
Mais, ce qui m’a fait sauter du canapé, c’est incontestablement le sublime premier essai des Grenoblois, digne d’un rugby d’un très haut niveau. Sur une relance parfaitement conduite par Corentin Glénat, celui-ci gagne sa collision, passe les bras et donne son ballon aux avants qui enchainent plein axe. D’abord Taufa, qui passe les bras, donne à Eglaine qui avance sur 10 à 15 m, transmet parfaitement à Escande (nouvel offload !) puis l’enchainement se poursuit par Ruaud, et enfin le revenant Lucas Dupont termine dans l’en-but ! Cinq passes au contact de suite pour un essai de toute beauté.  A montrer dans toutes les écoles de rugby. Le changement du cinq de devant aura eu du bon !

Et que dire des contest des avants, eux qui avaient été totalement absents contre Oyonnax : 6 ballons volés ou arrachés aux Vannetais sur leurs attaques durant tout le match (Martel, Madeira, Schoeman, Taufa, Valençot).

Si le premier essai a été sublime dans sa construction collective, celui de la gagne, initié par un démoniaque Ange Capuozzo et marqué par Adrien Séguret, aura été le grain de folie du match. Mais quelle action de folie de la part d’Ange, qui par ses appuis et sa vitesse aura mis dans le vent toute la défense vannetaise pour délivrer dans le bon timing l’offrande à Adrien Séguret, qui termine dans l’en-but et, du même coup, signe la victoire des Grenoblois, amplement méritée. Est-ce que Nicolas Nadau, en mettant Ange Capuozzo, en raison ses qualités de finisseur,pensait refaire le même coup aux Vannetais que lors de la demi-finale au cours de laquelle son équipe de Biarritz avait réussi le coup gagnant dans les arrêts de jeu en prenant de vitesse  la défense bretonne exténuée par la fatigue ? Si, oui, bien joué !  Il est clair qu’en mettant Glénat pour débuter, capable d’un jeu très long au pied, très sûr sous les chandelles et en réservant Ange pour le momey-time pour apporter de la vitesse aura été une partie de la stratégie gagnante ! Le gain du combat des avants aura été l’autre partie de la stratégie au même titre que la qualité de la défense.

Au-delà de l’exploit personnel du funambule Ange Capuozzo, aux appuis de feu comparables à un Gio Aplon, un autre Grenoblois aura été déterminant dans la victoire finale : Jonathan Bousquet, auteur d’un 100% au pied, 6 pénalités et 2 transformations ! C’est le Jonathan Bousquet qu’on attendait voir depuis très longtemps.
Sur l’ensemble du match, beaucoup de voyants ont allumé dans le vert.

La conquête : sur les 9 mêlées jouées, une seule fois pénalisée, mais qui coûte un essai
                         Sur les 7 touches, une seule a été loupée, ce qui a conduit à la mêlée pénalisée qui a coûté un essai. Une seule touche volée à l’adversaire.

Dans le jeu, encore trop d’en-avant : 9, le dernier coûte le troisième essai vannetais et le premier, le premier essai ! Le nombre de pénalités a fortement baissé : 9 au total, et seulement 3 en deuxième mi-temps (contre 7 pour les Vannetais en deuxième mi-temps).  Cinq franchissements nets grenoblois, celui d’Ange donne la victoire, celui de Romain Barthélémy aurait dû apporter un essai.

Sur les sorties de camp, il y a encore du déchet, sur les 8 sorties et les 2 renvois : deux ballons perdus, et deux mauvaises sorties de camp qui coûtent un essai (la dernière sortie, en-avant repris devant , pénaltouche, essai Vannes).

Les Grenoblois ont lavé l’affront de la défaite de la semaine passée en raison du respect du plan de jeu par une équipe qui aura été exemplaire dans le combat et en raison d’une stratégie payante concoctée par le staff. Contre Agen, la semaine prochaine, les Grenoblois savent, maintenant, ce qu’ils doivent faire devant leur public s’ils veulent toucher du doigt la victoire.

Dans le midol :

Dans le midol :
Les étoiles
3 étoiles : Capuozzo
2 étoiles : Bousquet, Madeira, Martel, Sarragalet
1 étoile : Blanc-Mappaz, Séguret

« Grenoble avec ses meilleurs vieux » par Didier  Le Pallec

Le journaliste met en avant l’action d’Ange Capuozzo et surtout le très bon engagement des Grenoblois : une discipline de fer, une défense imperméable, une présence dans le combat irréprochable. « C’est vraiment un collectif qui a travaillé ensemble… nous sommes restés dans notre stratégie de jeu » précise Steeve Blanc-Mappaz et d’ajouter « cela nous fait un match référence sur lequel on va s’appuyer et bosser. Nous n’allons pas nous exciter mais il y a de quoi satisfait ».

Dernière modification par fred (06/09/21 08:26)