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#1 31/01/17 16:03

Minédipiù
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La nécessité d'interdire les "Primaires"...

Il est clair maintenant que l’organisation de primaires pour l’élection présidentielle future a eu des effets redoutables et inattendus… Considérés comme une panacée ou comme une avancée dans la " modernisation " du politique, ces primaires sonnent désormais la mort de certains partis (le PS, EELV) et le déplacement des combats politiques sur le terrain des " patates chaudes " ou plus simplement, des règlements de comptes judiciaires.


Premier effet (inattendu mais espéré par certains dirigeants des partis politiques concernés) : le vote pour l’exclusion d’un candidat parmi les candidats !


Pour la primaire de " droite " le cas Sarkozy est parfaitement illustratif : un grand nombre d’électeurs de gauchisant sont allés voter " utile " même si l’utilité repose sur un " mensonge " (signature de la charte proposée et financement du parti opposé…) Au total, combien d’entre eux ont voté pour Fillon ? Bien sûr, la logique le désignait car on pouvait prévoir qu’il serait second derrière Juppé et que ce vote serait donc sans importance tout en rendant possible l’élimination de Sarko !

Pour la primaire de " gauche " cet effet a été moins fort car les électeurs de droite n’avaient plus intérêt d’aller voter devant le nombre important de votants pour leur propre primaire… Aller voter " à gauche " réduirait le succès de leur propre primaire qui avait eu un grand nombre de participants venus pour beaucoup du camp d’en face !!!
 

Second effet (attendu cette fois-ci) : l’exclusion des candidats hors PS et LR (à part des petits partis déjà rattachés de fait au PS et au LR) conduisant une véritable confiscation des élections réalisées…


De plus, on peut ajouter à cet effet évident l’obligation pour chaque candidat de se différencier du Président de son parti ou de prendre des distances par rapport au programme de ce dernier afin de justifier sa candidature !


Première conclusion : les primaires françaises n’ont été qu’une copie " décalée " du modèle US et ne retenant que ses défauts…


Aux USA, les primaires commencent par des votes des électeurs prenant des formes différentes : caucus (votes successifs et pyramidaux organisés en même temps mais en des lieux différents, 16 Etats)) ou votes directs, votes " fermés " (adhérents du parti) ou " semi-ouverts " (adhérents + non-militants pour l’autre parti) ou " ouverts ".

Ensuite, quelques milliers de délégués (avec des répartitions entre les Etats déterminées de façons différentes par les Républicains et les Démocrates) se rassemblent pour voter avec des mandats différents (obligatoires pour les Républicains, non obligatoires pour les démocrates) lors de conventions nationales organisées durant l'été… Les démocrates désignent leurs représentants à la proportionnelle et les républicains mélangent la proportionnelle dans certains Etats avec des proportionnelles avec bonus ou " totale " (le parti vainqueur rafle tous les mandats…)

Enfin, au début de novembre, les grands électeurs se réunissent pour désigner le prochain Président…

Tout ceci repose fortement sur une caractéristique du système US : la confiance et le refus du mensonge. Le parjure y est  considéré comme une faute majeure et comme un délit (voir les affaires DSK et les parjures de la plaignante ou l’affaire Clinton !)


Seconde conclusion : l’impossible application d’un nouveau modèle de désignation des élus copié sur les USA.


On oublie souvent que les modèles US et français reposent sur des situations différentes. Les USA forment une nation fédérale comme la Suisse avec des Présidents qui ont beaucoup moins de pouvoirs que les Présidents français. De ce fait, les taux de participations aux élections aux USA sont et ont été toujours faibles (moins de 50%.)  Ce fédéralisme crée un rapport différents entre les votants et les votes : on est loin d’un principe 1 électeur = 1 voix puisque les niveaux intermédiaires entre les votes et la désignation du vainqueur sont nombreux et différents selon les partis. Nous sommes très loin du suffrage universel direct.

En d’autres termes, l’introduction il y a cinq ans de la notion de primaires pour la Présidentielle entrait en opposition forte avec les principes de la Vème République !


Dernière conclusion : des principes républicains différents…


Aux USA, ces primaires reposent sur des jeux de pouvoirs " dérivés "  : capacité de financement des campagnes des candidats, place de ces candidats dans la hiérarchie des partis, verrouillage de ces partis qui empêchent la candidature des non-partis ou de ceux appartenant à des petits partis (comme le parti libertarien, le parti vert, le parti de la réforme des États-Unis d'Amérique ou le parti constitutionaliste sans compter la vingtaine de " petits partis "…)

En France, la Constitution encadre l’élection présidentielle et les candidats recherche leur légitimité et leur élection au travers de ce texte fondamental. Mais les primaires ne sont pas encadrées par des textes de Loi car dépendant de " corps intermédiaires " non prévus par la Constitution et ne relevant d’aucune Loi (contrôle des électeurs, contrôle des résultats, possibilité de recours ou de contestations ? règles d’affichage et de publicité lors des campagnes… etc…) contrairement aux USA ou l’organisation de tous ces votes sont anciennes, rigoureuses et certainement immuables.

Enfin, les modèles de financement des campagnes sont aussi différents : pour la France, un mix entre financement public et financements privés (partis et personnes privées) extrêmement contrôlé et pour les USA, des financements privés contrôlés imparfaitement (les fameux " super pacs " !)

Au total et comme l’avait déjà envisagé Rémi Lefebvre (Les Primaires socialistes. La fin du parti militant, Paris, Liber, 2011), ces primaires ont consacré l’effacement des partis politiques au profit des sondages, sondages totalement non-fiables devant une population de votants non-définissable avant les élections elles-mêmes ! :

"  La médiatisation affecte la dynamique du jeu partisan. Elle favorise la personnalisation et le jeu individuel. Alors que les primaires devaient apaiser les conflits, ceux-ci sont exacerbés par la mise en scène médiatique de matchs successifs. Les courants sont affaiblis, mais la culture pluraliste subsiste et légitime l’expression des divergences : on assiste ainsi à un relâchement de la discipline partisane et de l’esprit de parti, que la faiblesse du leadership ne permet pas d’enrayer. "
(Florence Faucher,https://halshs.archives-ouvertes.fr/hal-01045195/document.)


PS (si j’ose dire !) :


" En résumé, tout ce que l’on peut attendre des primaires, c’est  des partis politiques réduits à néant, des candidats du même camp faisant étalage public de leurs divergences, et des synthèses décrédibilisant les vainqueurs comme les vaincus : quelle bonne idée ! ! ! "
(Elie Arié, le Blog de Marianne, 14 Janvier 2016)


...

Dernière modification par Minédipiù (31/01/17 17:01)






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#2 02/02/17 12:02

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Re: La nécessité d'interdire les "Primaires"...

Merci pour cette analyse éclairée Miné. La France, ça n'est pas les USA et ce serait bien de s'en souvenir lorsqu'on cherche à pomper certains aspects de leur modèle électoral. J'ajouterai que c'est un Etat Fédéral qui l'est d'autant plus que les individus sont tout autant attachés à leur Etat et ses spécificités. Les gouverneurs et les parlements locaux disposent de pouvoirs étendus en matière de justice, économique etc. Si on devait faire une comparaison, les USA ressemblent même davantage à l'UE qu'à la Suisse.

En ce qui concerne les primaires proprement dites, je dirai qu'elles se sont imposées d'elle-même: les effectifs du PS ont été divisé par 4 ces 10 dernières années et, si mes chiffres sont exacts, ils n'ont plus que 40.000 militants. Pour LR, je n'ai pas les chiffres mais on est loin des 300.000 adhérents à jour de cotisation en 2007. Comment veux-tu désigner un candidat à la présidentielle avec une base militante aussi restreinte et peu représentative? Alors, on invente ce système qui fait rentrer de l'argent dans les caisses et donne un semblant de légitimité démocratique aux candidats désignés.

Les partis politiques, comme beaucoup de corps intermédiaires, sont inaudibles aux yeux des gens et déconnectés de leur préoccupation. Je pourrai dire la même chose des syndicats, tellement le taux de syndicalisation est ridicule aujourd'hui. La bonne question à se poser, au lieu d'organiser ce genre de battage médiatique, est de savoir comment reconstruire notre démocratie, ses institutions et ses représentants.

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#3 02/02/17 12:32

vacherin
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Re: La nécessité d'interdire les "Primaires"...

J'ai entendu hier sur France info, le classement des "professions" les plus détestées par l'opinion publique:
1- les politiques
2- les syndicats
3- les journalistes

dont acte wink

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#4 02/02/17 12:37

Cham
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Re: La nécessité d'interdire les "Primaires"...

Primaires ou pas, ce n'est pas là le plus important. Les candidats ont pour habitude de ne jamais tenir leurs promesses une fois élus, contrairement à Trump qui lui fait ce qu'il dit !

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#5 02/02/17 14:45

gudule
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Re: La nécessité d'interdire les "Primaires"...

@Cham : 9 messages sur le forum, tous dans la buvette et que pour nous jouer de la trump'ette.
Tu dis bien ce que tu veux, mais tu as un contrat de troll au service des identitaires ou bien ?

@Miné : je ne suis pas non plus fan des primaires, mais la légitimation des candidats par le fric ou la lèche médiatique (type Macron), c'est pas la panacée non plus. Cette année il y a eu 3 primaires, c'est mieux que 1 (il y a 5 ans) ou que 2 (les USA). Le système se cherche car il doit dépasser les partis et une élection à trois vrais tours, ce n'est pas idiot sur le papier. Le problème pour moi vient de la 5e et du quinquennat avec un système où l'élection d'une seule personne qui rafle toute la mise, oblige aux alliances politiques avant les élections et les interdit après.






"Il y a 3 choses qui ne servent à rien dans la vie : les couilles du pape, les seins d'une nonne et répondre au post d'un troll du forum du FCG" (Jean Pierre Rives-Renage)

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#6 02/02/17 20:21

Minédipiù
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Re: La nécessité d'interdire les "Primaires"...

gudule a écrit:

@Miné : Le système se cherche car il doit dépasser les partis et une élection à trois vrais tours, ce n'est pas idiot sur le papier.

1) Les primaires doivent-elles "dépasser les partis" ? Or elles sont de fait l'expression de ces partis et ont été créées pour résoudre des problèmes internes de ces partis !!!!
2) Trois "vrais tours" : que peut-on prendre comme référence pour définir ces "vrais" tours ?

Pour moi, les principaux problèmes sont autres :

Comment avoir une gestion publique de ces primaires permettant un contrôle sérieux de leurs déroulements ? (cf le nombre annoncé et non contrôlé des votants ou le caractère bidon des signatures de "chartes" ou autres engagements sur l'honneur !!!)
Comment les organiser pour éviter les stratégique pourries et très bien pensées qui jouent sur les dates ?  (la  première primaire marquant les conditions d'organisation de celles qui viennent ensuite...)
Comment intégrer ces primaires au sein d'un système de représentation des citoyens qui reste à la fois démocratique et institutionnel (Vème République...) ?

Etc etc...






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#7 03/02/17 06:55

theys
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Re: La nécessité d'interdire les "Primaires"...

vacherin a écrit:

J'ai entendu hier sur France info, le classement des "professions" les plus détestées par l'opinion publique:
1- les politiques
2- les syndicats
3- les journalistes

dont acte wink

Tu as bien fait de mettre des guillemets à Professions  , car sur les trois citées ,  seul les journalistes sont des professionnels .

Pour être plus nuancé , je dirait que les trois activités ci dessus , sont celles que l'opinion publique "adore" détester .

Sont elles si détestables pour autant , ou simplement plus visibles ?






sans m'avoir jamais rencontré, M Audiard  a écrit :"un con ,ça ose tout, c'est mème à ça qu'on le reconnait" Quel talent!

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#8 03/02/17 14:49

gudule
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Messages: 3809

Re: La nécessité d'interdire les "Primaires"...

Minédipiù a écrit:

gudule a écrit:

@Miné : Le système se cherche car il doit dépasser les partis et une élection à trois vrais tours, ce n'est pas idiot sur le papier.

1) Les primaires doivent-elles "dépasser les partis" ? Or elles sont de fait l'expression de ces partis et ont été créées pour résoudre des problèmes internes de ces partis !!!!

Si ce n'était que ça, elles n'auraient pas été ouvertes et on se serait limité à des consultations internes. de ce point de vue, ça dépasse bien les partis (en tous cas c'est ce que je voulais dire par là), même si ce sont eux qui, aujourd'hui, ont la main sur l'organisation ce qui est bâtard, je le concède.

Minédipiù a écrit:

2) Trois "vrais tours" : que peut-on prendre comme référence pour définir ces "vrais" tours ?

Pour moi, les principaux problèmes sont autres :

Comment avoir une gestion publique de ces primaires permettant un contrôle sérieux de leurs déroulements ? (cf le nombre annoncé et non contrôlé des votants ou le caractère bidon des signatures de "chartes" ou autres engagements sur l'honneur !!!)
Comment les organiser pour éviter les stratégique pourries et très bien pensées qui jouent sur les dates ?  (la  première primaire marquant les conditions d'organisation de celles qui viennent ensuite...)
Comment intégrer ces primaires au sein d'un système de représentation des citoyens qui reste à la fois démocratique et institutionnel (Vème République...) ?

Etc etc...

Tu donnes toi-même des éléments de réponse à la question 2 et je suis d'accord avec. Et il y aura évidemment d'autres problèmes à régler si on institutionnalise un tour préliminaire (par ex : qui a le droit d'en organiser, partis seuls ou coalitions ?).

Pour autant, à mon avis, ce n'est pas parce qu'il y a ces problèmes à résoudre qu'il faut interdire les primaires (ton titre), ni parce qu'il y a des inconvénients lourds qu'il faut en conclure que les modes de désignation précédents étaient vertueux.






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#9 05/02/17 15:05

Minédipiù
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Re: La nécessité d'interdire les "Primaires"...

gudule a écrit:

Pour autant, à mon avis, ce n'est pas parce qu'il y a ces problèmes à résoudre qu'il faut interdire les primaires (ton titre), ni parce qu'il y a des inconvénients lourds qu'il faut en conclure que les modes de désignation précédents étaient vertueux.

1962, l'adoption de l'élection du Président de la République au suffrage universel et mes premiers contacts d'adolescent débutant avec un monde politique aux règles de fonctionnement très rigides et cloisonné, un monde qui voulait alors oublier une grande partie des axes stratégiques et politiques qui avaient caractérisé la libération et qui avaient été exprimés dans le Programme du Conseil National de la Résistance (en mars 1944). 

En ce 28 octobre 1962 (deux jours avant la naissance d'Arnaud Montebourg wink) ce jour marqué par le référendum et la fin de la crise des missiles à Cuba, le "non à ce référendum s'imposait logiquement à moi (même si je ne pouvais pas voter) car ce changement constitutionnel ouvrait la porte à un régime présidentiel fort, autoritaire et personnel, un régime né du coup d'Etat de 1958 !

Evidemment, ce mode de désignation était à mes yeux "non vertueux" pour reprendre ton qualitatif) comme l'était à l'opposé le mode d'élection précédent (grands électeurs) qui conduisait à la désignation d'un Président mou mais bien élevé et qui ne faisait qu'inaugurer (de manière parfaite) des chrysanthèmes !

Depuis, le monde a évidemment changé : quasi-disparition de la notion de nation, mondialisation irrésistible, transferts de pouvoirs à une Union européenne y compris pour les domaines régaliens, chômage massif, pauvreté et inégalités, abandon "bien pensant" des anciennes politiques économiques et sociales, domination quasi totale des paramètres financiers, fin d'un contrat social ne pouvant résister au libéralisme promu comme seul mode de pensée autorisé, domination du contrat face à la Loi, ubérisation massive, terrorisme et esprit de croisade, conflits régionaux, attitudes irresponsables de certains dirigeants mondiaux, désastres écologiques, pertes des valeurs collectives, acceptation quasi généralisée et spontanée de tous les fakes et hoaks, gaspillages, erreurs, crises, peur du peuple, recul de l'intérêt général... et cette liste ne saurait être fermée car les hommes ont désormais une capacité d'imagination des conneries sans limites et des vérités universelles dégueulées dans des débats ne cherchant que le buzz, ...

Ces changements ont fortement perturbé les logiques des votes !

Mais en quoi un étage ou des votes supplémentaires posant d'énormes d'organisation peuvent-ils permettre de faire ressortir lors de ces "primaires" des propositions qui soient réellement des stratégies pensées et argumentées et non des listes incertaines, des catalogues désordonnés, des fouillis, des bric-à-brac, des capharnaüm, des foutoirs de rataillons et de rogatons de la pensée médiatique ?

Mais où sont passés "Les Jours Heureux" (titre du Programme du Conseil National de la Résistance) ? Et qui a dit en 2007 "Il s'agit aujourd'hui de sortir de 1945, et de défaire méthodiquement le programme du Conseil national de la Résistance !" ?






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