Forum FCG

Forcément quand la presse anglaise en a fait des tonnes à propos de la compo de l’EDF la qualifiant d’équipe B, voire C, tout est remonté.

A part une année j’ai toujours joué en équipe 2, on peut dire B également.
J’ai commencé en poussin 1ère année et me suis retrouvé en 2. Normal pour un débutant. Après un passage en pilier je me suis retrouvé 10. Mon cousin, capitaine des poussins 1, scanda mon nom, et le sien par la même, aussitôt imité par son équipe, lorsque l’entraineur demanda « qui pour prendre le capitanat de la 2 ? » et je fus ainsi élu au piston. Ce fut ma première approche du lobbying. Ce fut aussi l’acmé de ma carrière.

La 2.
Pour certains c’était pas envisageable, l’infamie ultime. En revenant de blessure ça passait.
« -tu vas en 2!!!!????
  -ouais je reviens de blessure.
  -ah ok »
Mais fallait pas que ça se répète.

Ou aussi à la limite pour renforcer l’équipe qui avait un gros match. On disait alors sur un ton modeste « je vais renforcer la 2 ». Tu disais ça avec une sorte de pudeur, une fausse modestie, pour bien faire comprendre que tu rendais service, limite du social. Tu passais pour le bon mec.
« t’as vu il va renforcer la 2!»
Du coup là on avait plus droit de merder. Pas question de déconner. Plus droit de s’échapper en face d’un gros, plus droit de rater un 3 contre 1, interdit de faire tomber un ballon, une passe en-avant ou de se trouer sur du jeu au pied. Bref pas moyen de vivre sa condition de mec de la 2 parce que y’avait machin de la une qui venait nous renforcer et qu’il fallait se mettre au diapason. Comme si sa seule présence provoquait le rebootage de l’équipe qui d’un coup voyait toutes ses composantes changer de dimension.
Evidemment on attendait qu’il fasse tout le boulot et au final c’était pire que s’il était pas venu.

En une les entraineurs étaient d’anciennes gloires accompagnées du joueur de la première qui faisait l’UEREPS et qui alimentait ainsi son cursus. En 2 c’était des anciennes gloires dont le fils jouait dans l’équipe accompagné d’un autre père qui lui n’avait jamais touché un ballon.

En une tu avais des flèches aux ailes, des costauds en piliers, des demis qui étaient au dessus etc etc…. tu voyais un mec tu savais son poste. Si tu avais un doute tu l’observais 2 minutes  à l’échauffement tu devinais.
En 2 quand tu voyais les physiques déjà tu n’étais pas sur qu’ils jouaient au rugby. Une fois que ça commençait à se passer la balle, les doutes à peu prés levés, bien malin pour savoir qui jouait quoi. Des ailiers qui couraient le 100m en 20 secondes, des 2ème lignes de 1m75, des piliers de 60 kg.

Pour les ailiers c’est un mauvais exemple. A l’aile on mettait le plus mauvais et/ou le débutant, c’était là ou on pensait qu’il ferait le moins de dégâts. Comme disait l’autre, il y en a qui seront rachtos, il y en a qui seront costauds, il y en a qui seront lents, il y en a qui seront rapides, il y en a qui seront maladroits, il y en a qui seront habiles.
Mais tous pourront jouer au rugby.
Et il y en a qui seront rachtos, lents et maladroits et ils joueront ailier en 2.

Je jouais ailier.

En 2 ça peut être très long un match à l’aile. Vaut mieux bien toucher le ballon à l’échauffement parce que t’es pas sur de le revoir pendant le match

En 2 les joueurs vont de moyennasse à jamais joué au rugby. En passant par pas terrible, franchement pas terrible, mauvais, nul.
Ca c’est l’expertise vue de l’extérieur car dans l’équipe tout le monde est persuadé d’être au pire moyennasse.
Le moyennasse il gagne jamais un duel, sauf peut être à Vaulnavey la bonne mi-temps, mais se troue rarement complètement. Une sorte de valeur sure à la petite semaine.
En 2 dés qu’un nouveau avait le petit truc en plus il filait en une. A peine le temps de se taper sur le ventre en se réjouissant d’avoir récupéré un bon joueur qu’il se barrait.

La seule année ou j’ai réussi à accrocher la une ce fut en minime. Normal on jouait enfin à XV, fallait bien compléter. J’étais pas le point fort de l’équipe. Un ailier qui a du mal à suivre son centre qui perce ça la fout un peu mal. Mais a déboulé un mec qui n’avait jamais touché un ballon et qu’on avait donc mis à l’aile, en 2. Et là tu couples la foulée mitraillette du soigneur culte (son oncle) de la première (la vraie), qui malgré sa taille traverse le terrain avec l’éponge miracle en 2  secondes 2, avec 1m80 de muscles et bingo. Niveau rugby fallait pas trop lui en demander mais il avait les cannes. Et niveau déconne j’étais loin aussi.

Parce qu’en 2 là où tu as des cadors c’est pour la tchatche. Souvent même des énormes potentiels.

La une jouait Romans, Chambéry, La Voulte puis faisaient les phases finales et finissait souvent champion de France en portant haut les couleurs du club. La 2 se tapait La Mure, Vinay, St Egrève ou Vizille qui nous attendaient le couteau entre les dents et qui faisaient le match de l’année pour se payer le FCG. On se faisait marcher dessus sur le terrain par des adversaires galvanisés par leurs entraineurs qui nourrissaient souvent une rancœur tenace contre le Club et insultés autour par les petits vieux du coin qui par principe nous détestaient. A l’aile on entend bien.

Mais finalement c’était peanuts, en dehors des blessures d’amour propre, comparé aux entrainements qu’on se fadait contre …la une.
En 2 tu prenais les mecs de la une dans la gueule 2 fois par semaine pendant 2 plombes.

En benjamin la une avait travaillé jusqu’à la nausée une combi en touche ou le plus costaud et le plus méchant prenait le couloir plein gaz et venait exploser l’ailier, moi, avant d’aplatir.
J’avais trouvé qu’elle avait très bien marché dès la première mais pas l’entraineur qui voulait peaufiner, ni mon terrible pilier qui visiblement adorait éparpiller de l’ailier freluquet.

Et puis ya la 3 aussi, on peut dire C également. Faut oublier tout ce que je viens dire quand on parle de la 3. C’est encore une autre dimension. On est même pas sur qu’elle existe la 3. Personne ne la connait. Ni les joueurs ni les entraineurs. Elle s’entraine de son côté, on sait pas où on sait pas quand. Limite légende urbaine. On sait pas trop si on la met où on peut où si on la cache pas un peu. Une fois j’ai renforcé la 3. D’être un des cadors de l’équipe ça m’a fait drôle. Mais c’est vite passé. J’ai imprimé comme un itinéraire sur le terrain. Si on avait joué un peu plus longtemps ça aurait faire une sorte de sentier. Coup d’envoi, je monte en ligne droite. Mêlée ouverte, attaque adverse, essai. je vais me placer sous les poteaux pour la transfo puis re-coup d’envoi, je monte en ligne droite, mêlée ouverte, attaque adverse, essai. Je re vais me placer sous les poteaux pour la transfo puis etc, etc…
A se demander si ils avaient pas une 3 à Nazca.

Bon allez j’arrête.

Merci à nos petits bleus d’avoir lavé l’affront fait à toutes les équipes B et C de l’histoire!

Et si notre équipe en prenait de la graine jeudi à Colomiers et nous faisait oublier sa condition d’équipe B, voire C, qu’elle se traine cette année…

Dernière modification par Ménilmuche (19/12/20 18:47)